La vendange est le moment essentiel de la transition de la récolte du fruit le raisin, en vin. Cette période c’est la fin d’un cycle, celui de la vigne et le début d’un autre celui de la vinification. Pour la vigne et le viticulteur, c’est la fin d’une année de collaboration, elle a commencé au repos végétatif et se termine à la cueillette.
A la maison de champagne Petit Bajan, c’est du chardonnay ou du pinot noir sur les terroirs de Grands Crus de la Côte des Blancs et de la Montagne de Reims.
La vendange n’est rien sans le travail préalable de toute une année. Il y a la taille, le liage, l’entretien du sol, l’ébourgeonnage, le relevage, le palissage et bien d’autres opérations, un travail complet et varié réalisé depuis de nombreuses générations dans notre famille.
Ces actions ne servent qu’à une seule chose, mettre en harmonie un végétal la vigne avec son environnement la terre, afin de donner les meilleurs fruits qui donneront avec d’autant plus de facilités les meilleurs vins.
Et pourtant L’homme n’est rien…rien de nouveau sous le soleil, c’est le soleil qui fait tout.
Le viticulteur s’adapte au fur et à mesures des saisons, du climat.
Aucune année ne se ressemble et pour s’en souvenir, on en fait des millésimes. 2020 sera un millésime à part comme tous les autres mais il sera surtout UNIQUE. Il va aussi rester dans la mémoire des gens très longtemps, c’est le millésime du Covid, peu importe l’argumentaire que l’on voudra bien lui donner. Comment oublier cette année 2020 qui a bouleversé les habitudes, les certitudes et les relations entre les Hommes…
Pour moi 2020 sera le millésime sacrifié, sacrifié vis à vis de son volume 8000 kgs /ha, conséquence économique de cette pandémie. Il n’en sera que plus rare car la vigne ne vit pas avec les infos, elle vit avec le soleil et 2020 fut une année chaude et sèche, tout ce que la vigne supporte facilement sur nos terres crayeuses de Champagne.
La seule problématique a été comme toujours le choix dans la date de vendanges, chacun son style, chacun son choix, le mien est d’attendre l’aromatique…J’aime les groseilles rouges, les mirabelles dorées, les prunes violettes, les bananes tigrées, les cerises rouges ou noires, les poires jaunes à la chair blanche à l intérieure et juteuse, les fruits de la PASSION….comme mon métier.
Entre le goût et la fadeur mon choix est fait…
En début de vendanges, tous les clignotants étaient au vert et les raisins l’étaient encore et moi je me refuse à mettre du vert dans mon verre alors je me promène et regarde attentivement l’aspect de mes raisins, comment ils progressent.
Je les surveille depuis le printemps, au débourrement et aussi et surtout à la fleur, premier indicateur de la date future de la récolte 100 jours après en général. Je connais l’évolution de ces grappes de raisin alors je laisse les baies s’arrondir, s’habiller de clarté, de reflets et de couleurs, ensuite je commence seulement à les déguster.
Les fatalistes pensent que la vigne a terminé son cycle quand le degré minimum est atteint et qu’il n’y a plus d’intérêt à attendre, moi je fais le pari du temps alors j’en prend, rien d’imprévu que du prévisible…
Le style de la maison Petit Bajan commence par du raisin mûr (il va falloir s’y habituer), ainsi j’élabore un champagne particulier, très peu dosé (Extra-Brut).
Je pense que c’est à partir de petits détails que l’on peut faire un grand vin et je m’y attelle. »
Propos de Richard Petit, le 01.10.20